Il est des départs qui marquent plus fortement chacun d'entre nous. Celui de Mouloud Aounit est de ceux-là... Je l'avais vu et entendu, il y a quelques mois, devant la Cour d'Appel de Paris, expliquer au Tribunal pourquoi les propos de Brice Hortefeux, ex ministre de l'Intérieur, étaient condamnables sur le plan du racisme, à la différence surprenante de Monsieur Boubaker qui préférait dissocier l'homme du ministre pour justifier que les dits propos rendus publics n'étaient pas... racistes. Rappelez vous, en marge d'un rassemblement de l'UMP, le ministre disait en riant quelque chose comme "un, ça va, mais deux...", le tout devant un militant de son organisation d'origine maghrebine, comme on dit. Une caméra et un micro fonctionnaient !
Le MRAP avait eu raison, Mouloud avait bien fait, malgré la fatigue évidente, de venir dire à la barre pourquoi les propos d'un ministre avaient inévitablement une grave raisonnance et qu'ils banalisaient le racisme sournois et imbécile au plus haut niveau...
J'étais là, moi-même, pour répondre d'injures à l'égard du Député Maire de Noisy le Grand à propos d'une lettre de ce dernier concernant Noisy Résidence. Là aussi, de mon avis tout au moins, une lettre contenant des propos inacceptables et stigmatisants qui m'avaient fait réagir avec vivacité.
Étonnante situation que celle de se trouver dans la même salle que ce grand militant du Mrap, alors même que le comité local du Mrap m'avait apporté son soutien !
C'est ainsi et la vie se charge de raccourci curieux...
Aussi, Jean Brafman me pardonnera de prendre ses mots pour rendre hommage à Mouloud Aounit qu'il connaissait bien...
Aussi, avec l'autorisation de Séphane Peniguel, une photo de Mouloud...
Etienne Doussain
Mouloud Aounit est parti au loin, lui qui aimait tant la proximité, son entourage, ses proches, la population, surtout les plus modestes, les plus fragiles, les plus discriminés.
Un homme véritable qui est un ami, un camarade, un collègue, un compagnon, tout quoi...
Un compagnon de combat au MRAP auquel j'ai adhéré en 1958 et ne l'ai jamais quitté. La présidence de Mouloud s'est inscrite dans cette longue continuité mais au racisme et à l'antisémitisme qui était le catalyseur de mes révoltes il m'a appris, c'est comme ça, qu'il fallait lutter avec la même énergie contre l'islamophobie...
Un collègue et un ami car nous sommes très proches, pour avoir été conseiller régional d'Île-de-France ensemble, assis côte à côte et nous avons tant "mouliné" les évènements, les enjeux, les joies et les peines ensemble : de là est née une grande amitié et, tout en se revoyant de proche en proche -pas assez- cela a creusé une place dans mon coeur.
Compagnon et camarade car nous avons mené ensemble bien des combats contre les discriminations et pour que les "issu/e/s" de accèdent aux responsabilités, soient traité/e/s comme les autres, pour l'Egalité en somme. C'est son crédo majeur.
J'ai de la peine qui n'entravera pas la force de mon moteur dans l'existence : la vie d'abord. Mais Mouloud y a une place particulière.
Celle de ceux qui ont fait tant pour l'humanisme et le respect des autres...
Salut vieux frère.

Jean BRAFMAN