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Le blog de "NOISY SOLIDAIRE - A GAUCHE VRAIMENT !" se veut être, à la fois, un espace de contribution au débat politique dans la ville, le canton, la circonscription et, à la fois, la marque de l'expression autonome de ce regroupement unitaire.
Seront mis en ligne nos comptes rendus du Conseil Municipal, des articles et les prises de position des organisations et des citoyen-nes qui participent à l'activité de NOISY SOLIDAIRE - A GAUCHE VRAIMENT (Collectif Unitaire pour une Gauche Alternative - membre d'Ensemble -, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti Communiste Français, Parti de Gauche, militants de la France Insoumise).
Pourront être mis en ligne toutes contributions utiles au débat démocratique et à l'action politique dans notre ville, sous la responsabilité de leurs auteurs, bien entendu, et sous réserve du respect évident des Personnes.
Les propos diffamatoires, ceux mettant en cause la vie privé de chacun(e) ou les insultes ne sont pas recevables.
C'est avec un réel plaisir que seront relayées toutes les informations utiles à la ville, le canton ou la circonscription, utiles à la démocratie participative et utiles pour la construction d'une alternative politique qui change concrètement la vie ! 

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onaledroitdevoirrouge@orange.fr

28 novembre 2021 7 28 /11 /novembre /2021 17:52

Billet de blog 25 nov. 2021

À l'indignation, monsieur Darmanin, a succédé la rage

Au lendemain du drame qui a coûté la vie à 27 personnes dans la Manche, Michaël Neuman, directeur d'études au Centre de réflexion sur l'action et les savoir humanitaires de la fondation MSF, dénonce les responsabilités de l'État français et du ministre de l'Intérieur.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

M. Darmanin, 

La place n’est plus à l’indignation mais à la rage.

La rage de voir que cette tragédie de plus, ces 27 personnes mortes noyées en Manche faute de n’avoir pas reçu l’attention minimale pourtant due à n’importe quel être humain ne suscite chez vous rien d’autre que des coutumières accusations contre les passeurs et trafiquants.

La rage de voir qu’il n’y a, chez vous plus d’espace pour la compassion et la lucidité. Faisant face aux flots d’indifférence au mieux, de haine au pire que les personnes exilées subissent aux frontières de la France, elles ne reçoivent de votre part qu’humiliation et violence.

La rage de voir qu’aux si nombreuses voix qui vous ont alerté sur le fait que la Manche deviendrait, devenait, un cimetière, vous n’avez eu d’autres réponses que de saluer la politique de la maire de Calais qui en collaboration avec les services de l’Etat a fait de sa ville un lieu d’effroi pour les exilés.

La rage de voir que la France n’est aujourd’hui rien d’autre que le garde-frontière de la Grande Bretagne, dans un chantage dont les perdants ne sont jamais ni vous ni Priti Patel, ni Jean Castex, ni Boris Johnson mais bien ces hommes, ces femmes et ces enfants que vous pourchassez inlassablement.

La rage de voir que pour faire rêver un ministre de l’Intérieur, les barbelés ne suffisent plus et que votre petit bout de rêve à vous, c’est une camp prison comme celui que vous avez visité à Grèce, sur l’île de Samos tout récemment.

La rage de constater qu’à la détresse de mes collègues sauveteurs en mer en Méditerranée découvrant au milieu d’un amas de survivants une dizaine de corps sans vie, vous n’offrez comme seule politique que le maintien coûte que coûte des candidats à l’exil européen dans les immondes prisons libyennes.

La rage de voir que vous n’êtes bien entendu pas tout seul dans votre entreprise mortifère : nombreux sont ceux qui estiment aujourd’hui qu’un bon migrant est un migrant noyé ou désespéré, car il ne viendra plus, ni lui, ni d’autres. Quelle idée fausse, pourtant.

La rage de voir que malgré les démentis apportés par les faits, établis par la science, vous persistez, vous et d'autres dirigeants à ne pas comprendre que vos frontières tuent, que vos politiques nourrissent les trafics et les passeurs bien plus qu’elles les découragent.

La rage de constater que ces politiques, vous les menez en notre nom, qu’en notre nom vous condamnez dans un seul souffle bonnes âmes et acteurs de la solidarité renvoyés à leurs idéaux naïfs pour y préférer votre dialectique de l’abject : fermeté et humanité.

La rage d’anticiper que de ce drame rien de bon ne naitra et que vous perpétuerez, encore et toujours vos politiques empruntes de morgue et de bêtise. Pourtant vous savez. Que vos politiques tuent.

Vos politiques tuent, de la Pologne au Canaries, de la Grèce à la Libye, de la Méditerranée à la Manche, de la Bidassoa à la Vallée de la Clarée, vos politiques tuent.

Vos politiques tuent de ne pas concevoir qu’un autre accueil est possible, un accueil dont la possibilité est pourtant démontrée tous les jours par des millions de citoyens, des élus, des organisations, en France, en Italie, en Allemagne, en Grèce et ailleurs en Europe : tout un peuple qui continue de voir en ces réprouvés des personnes, des enfants aussi car ils sont nombreux, ces enfants, et non des toxines dont il faudrait se débarrasser par crainte de ‘grand remplacement’.

Aujourd’hui, votre fermeté et votre humanité ont condamné à la mort 27 personnes parties de chez elles parce qu’elles ont, un jour, estimé qu’elles n’avaient plus de choix; elles ont condamné à la mort 27 personnes décidées à ne plus supporter les conditions de vie auxquelles vous les condamniez, dans la boue et les tentes déchiquetées, de Grande-Synthe, de Briançon ou d’ailleurs.

Oui, la rage.

Médecins sans frontières

https://blogs.mediapart.fr/medecins-sans-frontieres/blog/251121/lindignation-monsieur-darmanin-succede-la-rage

Billet de blog 25 nov. 2021

Tragédie de Calais : retrouvons d’urgence notre humanité

Au moins 27 personnes sont mortes noyées au large de Calais ce mercredi 25 novembre. Ce nouveau drame vient alourdir le bilan des morts à cette frontière où, depuis une trentaine d’années, plus de 300 personnes ont perdu la vie, soit en essayant de la franchir soit en raison de leurs conditions de (sur)vie sur le littoral Nord.

Association de solidarité active avec les migrants
Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous pensons d’abord à ses vies fauchées, à la douleur des familles et des proches des personnes décédées.

 Ces morts sont la conséquence la plus dramatique, la plus grave et la plus insupportable de la politique de non-accueil menée depuis 30 ans à la frontière franco-britannique et des situations de violences et de précarité auxquelles sont exposées les personnes bloquées sur le littoral nord français.

La grève de la faim – action qui peut sembler extrême – menée durant 37 jours par Anaïs et Ludovic, illustre aussi l’impuissance et l’exaspération des citoyens solidaires face à la répétition permanente des mêmes réponses déshumanisantes et sans issue, face à la violence d’une frontière militarisée et externalisée, face à l’absence de dialogue avec les autorités pour rompre avec ce cycle infernal de violences et changer enfin de paradigme.

Car ces drames ne sont pas nouveaux. Et ils pourraient être évités !

Les autorités accusent les « passeurs » d’être responsables mais ces déclarations cachent en réalité très mal les responsabilités de la France et du Royaume-Uni dans les drames à cette frontière, comme celles de l’Union européenne et des Etats membres dans les tragédies qui se jouent chaque jour aux frontières internes et externes de l’Union Européenne.

Car les disparitions et décès aux frontières ne sauraient être uniquement attribués à des « passeurs sans scrupule » ou des « personnes inconscientes des risques ». L’Union européenne et ses États membres doivent prendre la mesure des conséquences de leurs politiques migratoires. C’est le durcissement de la règlementation, la sophistication des contrôles aux frontières qui, en rendant le franchissement des frontières toujours plus difficile, sont à l’origine de ces traversées dangereuses et des décès et disparitions qui en découlent.

 Il est urgent de remettre en cause le traité du Touquet et le protocole additionnel de Sangatte. C’est une exigence que portent de nombreuses associations, ainsi que la Commission nationale consultative des droits de l’homme, depuis plusieurs années.

 Des moyens très importants sont consacrés à financer l’érection de barrières physiques, juridiques et technologiques ainsi que la construction de camps sur les routes migratoires, moyens qui seraient plus utiles pour accueillir dignement les personnes bloquées aux frontières, d’examiner avec attention et impartialité leurs situations et assurer le respect effectif de leurs droits.

Nous appelons à un changement radical des politiques migratoires, dans une Europe solidaire, accueillante, protectrice des droits humains et de la dignité des personnes.

La Cimade

https://blogs.mediapart.fr/la-cimade/blog/251121/tragedie-de-calais-retrouvons-d-urgence-notre-humanite

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 18:21
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14 mai 2016 6 14 /05 /mai /2016 18:00
Global Debout ... République et ailleurs ...
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3 septembre 2015 4 03 /09 /septembre /2015 17:33

Un dernier effort ! L'assemblée plénière du Parlement Européen doit soutenir le droit humain à l'eau !
Grâce à la mobilisation de milliers de citoyens européens, la Commission de l'Environnement du Parlement Européen a lancé un appel en juin pour que le droit à l'eau et à l'assainissement soit appliqué dans l'Union Européenne, et a demandé que l'eau soit exclue de la libéralisation et des négociations commerciales. Le vote final se tiendra le 8 septembre. Tous les députés européens voteront lors de l'assemblée plénière et il faut que nous fassions un dernier effort pour qu'ils entendent la voix des citoyens européens qui soutiennent massivement que l'eau n'est pas une marchandise, mais un bien commun !

Demandez à votre député européen de soutenir le droit à l'eau ! Participez à l'action en ligne ci-dessous !

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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 10:50

Monsieur Varoufakis, sans doute, laissera l'image d'un dandy un peu provocateur et on se sera chargé, ici ou là, de faire le nécessaire pour qu'il en soit ainsi. Parmi d'autres, néanmoins, il est incontestable qu'il a des choses utiles à nous dire. D'ailleurs, son expertise n'est pas contestable. Que la nouvelle livraison d'Alternatives Economiques, Alter+, permette d'en temoigner est donc une bonne chose.

C'est autrement plus sérieux que la fête de la Rose à Frangy. Quoique ... faut tout prendre en compte !

Il est de règle d'extraire les éléments d'un article pour en faire la "réclame". Compte tenu de ce qui est dit, il parait difficile de respecter l'exercice sous peine de réduire l'information utile à toutes et tous. Aussi, nous ne dirons qu'une chose de plus, que ceux qui le peuvent s'abonnent à Alternatives Economiques.

En attendant, ci-après deux contributions de l'ancien ministre grec, l'une sur l'accord inique de juillet dernier, l'autre sur une perspective européenne. Rien n'est clos, même si d'aucuns, Jacques Sapir, Frédéric Lordon et bien d'autres, s'interrogent sur la pertinence de la zone Euro...

Pour revenir sur le débat européen ...
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30 juillet 2015 4 30 /07 /juillet /2015 18:45

On a le droit de voir rouge n'a pas relayé d'informations depuis le référendum grec, la victoire du NON, puis l'accord de nature coloniale qui a été imposé au gouvernement d'Alexis Tsipras et au Parlement grec.

Une négociation, le pistolet sur la tempe, selon l'expression prêtée au 1er ministre grec lui-même, après un feuilleton odieux durant lequel la lutte de classe s'est doublée d'un véritable conflit Nord-Sud au cœur de l'Europe, avec pour tête de file les tenants de l'austérité budgétaire, l'Allemagne et ses affidés, et leurs complices sociaux démocrates dont les représentants français qui ont largement montré leur duplicité. Au fond, tous étaient d'accord, il fallait faire rendre gorge au peuple grec qui leur parlaient de démocratie, eux-même qui avaient bafoué leur propre opinion publique, rappelons-nous le Traité constitutionnel...

Le Capital ne fait pas de quartier ! On ne rigole pas avec le pognon et ses valets font le boulot, quitte à utiliser la fibre nationaliste la plus honteuse (les français et les allemands ne vont pas payer pour ces salauds de grecs...), quitte à mentir, manipuler la réalité, bloquer les banques via la BCE et menacer d'un Grexit qui reste d'actualité puisqu'une même politique ne peut avoir que les mêmes résultats ... Comment imaginer sérieusement que la dette grecque puisse diminuer alors même que la purge va éreinter encore un peu plus la population, déjà si mal en point ? 50% des moins de 25 ans au chômage avant Syriza, qui dit mieux ?

Pour autant, rien n'est joué même si l’écœurement nous gagne en constatant que l'on applique à la Grèce une technique de dépeçage, largement inspirée de la méthode de la Treuhand lors de l'annexion de l'Allemagne de l'Est (que nous avons, nous aussi, payé avec les salariés allemands...).

Privatisations (14 aéroports privatisés, par exemple, et des futures acquéreurs ...allemands ou français) reculs sociaux, appauvrissement généralisé, garanties sociales explosées, crise sanitaire, voilà le menu, voilà la nouvelle potion amère, voilà le conflit de classe Nord - Sud !!!

Passé le coup de massue, passées les réactions à chaud, prenons le temps de réfléchir, d'organiser la solidarité et, surtout, de défricher autant que possible d'autres alternatives en tenant compte des divergences et, pourquoi pas, d'erreurs "optimistes".

Voici donc un point de vue, vu de Syriza...

Entretien avec John Milios
conduit par Michal Rozwor
ski

Ce mercredi 22 juillet, une partie de l’accord imposé par les institutions et accepté par Alexis Tsipras – décider son adoption est, au plan politique, un test dont le caractère ne peut être tempéré par des expressions de malaise personnel – est à nouveau soumis à la Vouli. Il faut avoir à l’esprit que le document de 975 pages est un ordre de marche détaillé.

Le premier point présenté ce mercredi a trait à la législation bancaire, dite du bail-in et qui reprend l’accord de l’UE du 26 juin. C’est-à-dire: une banque, en cas d’insuffisance de capitaux propres suite à des pertes, doit solliciter en priorité les actionnaires et les créanciers détenteurs de dettes subordonnées. Cela pour limiter le concours de fonds publics.

Or, le Hellenic Republic Asset Development Fund (HRADF), créé en juillet 2011, en tant que société anonyme de droit privé, dont la République grecque est le seul actionnaire, dispose d’une présence notoire dans Alpha Bank, National Bank et Piraeus Bank. Dans le Conseil d’experts se trouvent trois membres nommés par le Troïka. L’organisation du système financier grec est, dès lors, au centre des débats, d’autant plus qu’une recapitalisation des quatre banques, à hauteur de 25 milliards d’euros, est prévue. Toute la mécanique banco-financière échappe au «pouvoir» gouvernemental grec. Ce même mercredi, la «réforme» du Code civil est aussi prévue. Aucune facette de la société n’échappe à ce qui est qualifié, de manière outrageuse, de «plan d’aide»

Alexis Tsipras répète: «Je vois des déclarations, mais pas de plan alternatif à l’accord du 12 juillet; et si le plan le plus à gauche est celui de Schäuble [Grexit temporaire de 5 ans, pour résumer], qu’on aille le dire aux Grecs.» Vendredi 25 juillet, les envoyés de la Troïka arriveront, officiellement, à Athènes. Vont-ils parler aux Grecs, et à quels Grecs?

Des ministres cherchent à indiquer quel chemin pourrait être emprunté afin d’amortir le choc de l’austérité. Ainsi Theano Fotiou, ministre déléguée à la Solidarité sociale, insiste dans des interventions radiophoniques, à la fois, sur le besoin «d’unité de Syriza» et sur des mesures telles que la réintroduction de repas dans les écoles, à la rentrée. Pour le faire, il faudra compter sur l’aide de la diaspora grecque! Est-ce un plan B à l’intérieur du plan A? La porte-parole du gouvernement, Olga Gerosvasili, laisse entendre, elle, que le désaccord sur l’agriculture est secondaire. «L’information» gouvernementale a ses exigences, dans un pays où les grands médias privés ont perdu leur crédibilité.

Les votes de députés de Syriza vont être comptés et «enregistrés» ce mercredi. Les Non seront-ils 32? Les 7 abstentions (vote «présent») seront-elles au rendez-vous? Le travail au corps effectué par Tsipras et son entourage – menaces et cooptation – sera-t-il validé ou sera-t-il mis en échec complet ou partiel? Cela ne relève pas de l’anecdote, mais du futur de Syriza comme coalition d’une «gauche radicale» mise en échec. Et cela, au moment où la «polarisation» interne est très forte, où les attaques virulentes contre la gauche se multiplient. Sans mentionner la rumeur selon laquelle des membres de KOE (courant ex-maoïste au sein de Syriza) démissionneraient de Syriza, ce qui n’est pas confirmé. Sous les heurts d’une crise protéiforme, une reconfiguration de la «gauche radicale» se profile ou a déjà commencé. La manifestation appelée par Adedy ce mercredi soir risque de ne pas être massive. Et le «climat policier» pourrait faire écho à la canicule.

Nous publions ci-dessous un entretien avec John Milios, économiste et membre du Comité central de Syriza. L’exposé que John Milios devait réaliser dans le cadre du Forum international Ernest Mandel à Lausanne est publié, en date du 29 mai, sur ce site: La logique de classe intrinsèque des politiques d’austérité. Syriza peut-il proposer une alternative progressiste?] (Rédaction A l’Encontre)

*****

Quelle est la situation une semaine après que le Parlement a accepté le Mémorandum et deux semaines après le référendum?

Lorsque le référendum a été proclamé, nous avons assisté à une campagne de vote qui avait des caractéristiques sociales et de classe. Il y avait deux «Grèce» se combattant l’une l’autre. D’un côté on trouvait, en gros, les pauvres, les salarié·e·s, les chômeurs et les petits entrepreneurs alors que, de l’autre, se trouvaient les capitalistes, la classe directoriale ou des cadres [managérial class], les rangs élevés de l’Etat, etc., qui faisaient de l’agitation pour le Oui.

Enfin, une vaste coalition de la majorité sociale a vu le référendum comme une chance d’exprimer leur engagement contre la poursuite de l’austérité et du néolibéralisme. Tout cela s’est produit dans une situation de crainte et de terreur provoquée par le choix de la Banque centrale européenne (BCE) de ne pas étendre la fourniture de liquidité d’urgence (Emergency Liquidity Assistance, ELA) aux banques grecques. Un grand nombre de personnes ont vu cela comme une tactique visant à provoquer la frayeur et ils ont commencé à retirer leur argent. Enfin, tout cela a conduit à la fermeture des banques.

Le peuple grec a donc voté alors que les banques étaient fermées et dans une atmosphère de peur selon laquelle le vote en faveur du Non conduirait au désastre. Il y a également eu des chantages intenses face à face de la part d’employeurs faisant pression pour que leurs travailleurs votent Oui. Malgré cette campagne de peur et de propagande, 61,3% des électeurs ont voté Non.

Qu’en est-il aujourd’hui de ce résultat?

Je pense que le référendum était une erreur politique de l’administration Tsipras. Mon opinion personnelle est que Tsipras, et si ce n’est pas lui alors la majorité du gouvernement qui l’a placé sous une forte pression, souhaitait signer le Mémorandum. Ils estimaient que le résultat au référendum serait ce que les sondages prévoyaient: 50-50, ou une petite majorité pour le Non. Cela aurait offert une légitimation politique à signer le Mémorandum.

Mais ce qui s’est produit avec le référendum a été extraordinaire et cela a ouvert la question pour l’avenir. Le gouvernement a transformé le 61,3% de Non en un 82% de Oui au Parlement et a accepté le Mémorandum.

Je vois une ligne rouge traverser la politique de ce gouvernement dès le premier instant. Ils pensaient pouvoir gouverner de la même façon qu’avant la crise. C’est-à-dire que la question principale est une récession, et que l’austérité est seulement une mauvaise politique qui provoque des réductions supplémentaires de la demande finale effective.

Personnellement, je pense que cette analyse est complètement fausse [voir l’article de John Milios mentionné en introduction]. Le Capital n’a pas d’autres moyens de sortir d’une crise de lui-même sans réduire les coûts par unité de production par tous les moyens. Il y a deux moyens de le faire: par une réduction des «coûts du travail» – c’est-à-dire, l’austérité – et par une diminution des coûts en biens intermédiaires et en capital.

Même la seconde option entraîne une récession à court terme. Imaginons, par exemple, que toutes les industries réduisent de moitié l’utilisation de pétrole, de gaz et d’autres énergies nécessaires en général. Que va-t-il arriver au secteur de l’énergie? Il va sombrer.

Le capitalisme fonctionne au travers d’un remaniement permanent des rapports de force. Ce gouvernement n’a pas réalisé que s’il voulait être un gouvernement de la classe laborieuse, il aurait à suivre une politique qui, dès le début, ne parle pas de développement et de récession en général, mais cherche des voies alternatives pour promouvoir la production de biens et de services.

Ceci comprendrait des structures coopératives, l’ouverture d’usines ou d’entreprises dans le secteur des services aussi bien qu’un système fiscal solide et juste qui redistribue les revenus et les richesses en direction de la classe laborieuse. De telles mesures devraient être des objectifs en tant que telles, pas seulement des moyens de sortir de la crise. La question clé est: sortir de la crise en faveur de qui?

Quels sont les obstacles à de telles mesures au niveau de l’économie grecque?

Au travers des mémorandums [2010 et 2012], le caractère de l’économie grecque a changé en partie. Elle est devenue plus proche d’une économie latino-américaine. C’est-à-dire: une économie duale au sein de laquelle une partie de la population est exclue.

Il y a eu une très importante augmentation des profits en raison de l’austérité. Grâce aux privatisations et aux politiques néolibérales extrêmes, le capital privé a gagné de nouvelles possibilités pour entrer dans ce qui était le secteur public. Et, au cours des derniers mois de 2014, nous avons assisté à des taux de croissance positifs ainsi qu’à une réduction du chômage. Ainsi que Marx le disait, il n’y a pas de crises permanentes.

La question est de savoir comment une société sort d’une crise. Les profits ont augmenté et le capital est plus centralisé dans la mesure où des petites entreprises ont fermé. Il y a, par exemple, la concentration du commerce de détail dans des grands malls et des grandes chaînes de magasins.

L’austérité est la politique correcte pour le développement capitaliste en faveur des intérêts les plus agressifs du capital. C’est un moyen de destruction créative. Ils savaient qu’il y aurait une grande récession, et cette récession a dégagé du chemin les capitaux valorisés de manière inadéquate, les petites entreprises, les droits civiques, les droits des travailleurs, les droits syndicaux ainsi que des pans entiers du secteur public: tout ce qui était nécessaire.

Ce que nous avions l’habitude de décrire comme étant le modèle social européen semble aujourd’hui n’être plus qu’une mauvaise blague. Il est malheureux que ce gouvernement, qui avait un programme complètement différent, a été contraint de prendre de telles mesures: devenir un gouvernement du capital, de poursuivre les politiques des précédents gouvernements ainsi que d’aboutir à une situation où les gens le combattent.

Il y a une tension entre ce qui est interne à la société grecque et l’économie, d’un côté, et les négociations avec l’Europe qui font la une de la presse. Je pense que cela a fait partie de votre analyse tout le temps: on ne devrait pas se centrer autant sur les négociations, cela est un projet de classe.

Vous avez raison de poser cette question. Il y a deux éléments à ce sujet. Le premier, pour qui les «européens» se battent-ils? Combattent-ils juste pour recueillir les vieilles dettes du secteur public grec? Ma réponse est non, ils ne vont jamais collecter cette dette dans son intégralité. Ils savent cela et c’est la raison pour laquelle ils ont lentement commencé à discuter d’une restructuration de la dette.

Ils se battent pour une intégration européenne sous la forme d’une Europe néolibérale dans chaque pays. Ils combattent pour les capitalistes grecs mais aussi pour ceux d’autres pays. Ils ne veulent pas permettre la formation d’une alternative au sein de la zone euro.

Le second point est que l’intégration européenne joue un rôle très important en promouvant des politiques néolibérales. D’une certaine manière, elle fonctionne comme un piège pour un gouvernement qui désire mener des politiques en faveur du peuple. Cela ne découle pas du fait que de nombreux pays ont la même monnaie, mais du fait que la BCE ne fonctionne pas, de manière délibérée, comme prêteur et émetteur de monnaie en dernier ressort.

La BCE ne soutient pas les secteurs publics des pays membres de l’Eurozone par des prêts, ainsi pratiquement le seul moyen d’affronter des problèmes fiscaux durant la crise est d’avoir recours à l’austérité. Elle a délibérément placé tous les pays de la zone euro en situation de risque de défaut afin de poursuivre un agenda néolibéral.

Comment est-il possible alors de prendre cette position différente d’une refonte interne de l’économie comme réponse à la crise lorsque vous risquez le défaut, lorsque vous avez besoin de prêts supplémentaires pour rembourser les créanciers et lorsque vos banques peuvent être fermées par une institution politique comme la BCE? Une voie stratégique différente aurait-elle pu – ou peut-être l’être encore – suivie?

Je pense qu’il y avait un autre chemin stratégique et il pouvait être emprunté dès les premiers instants où ce gouvernement de gauche est arrivé au pouvoir. En résumé, une première étape consistait à créer des revenus pour l’Etat en taxant les riches. Cela impliquait également combattre la corruption aussi bien que la contrebande de pétrole et des produits du tabac. Ce gouvernement n’a pas fait grand-chose dans cette direction, même s’il s’agissait d’un point important de notre programme.

La deuxième grande question est le défaut. Nous devons dire aux Européens: «regardez, nous avons un programme électoral et vous avez une structure de l’Eurozone qui contraint chaque pays de traiter ses problèmes fiscaux par lui-même. Lorsqu’un pays ne peut faire face à ses problèmes, vous lui octroyez un prêt à condition qu’il mène des politiques d’austérité brutales. Nous sommes en désaccord avec ce cours des choses parce que nous sommes un pays démocratique et que les gens ont voté autrement. Nous avons commencé à créer des revenus pour l’Etat par d’autres moyens et nous sommes désolés, mais dès lors que vous ne nous avez pas donné les tranches de financement sur lesquelles nous étions tombés d’accord dans le passé, nous ne pouvons rembourser nos obligations de dette, ni au FMI, ni à la BCE.»

Le gouvernement grec était finalement arrivé à cette position et avait différé un paiement au FMI le mois dernier. Avant cela et sans avoir reçu les financements qui lui était dû, il a remboursé plus de 7 milliards d’euros, soit plus de 3% du PIB, aux créanciers. Le gouvernement aurait dû différer ces paiements au moins depuis février et exiger un nouveau programme.

Il aurait pu, en parallèle, afficher des excédents primaires et résoudre ses problèmes fiscaux de lui-même en taxant les riches. Le problème financier de payer les créanciers aurait alors pu être affronté par un autre programme qui n’aurait pas contenu de l’austérité.

Lorsque Syriza a remporté les élections, les banques se trouvaient dans une bien meilleure situation; depuis lors, les ménages grecs ont envoyé plus de 41 milliards d’euros à l’étranger. Les dépôts bancaires, sous toutes ses formes, atteignent actuellement 120 milliards d’euros. Avant la crise, ce chiffre s’élevait à 230 milliards. La Banque des règlements internationaux (BRI) a calculé que les ménages grecs avaient une position financière nette de 250 milliards d’euros. Il s’agit d’un excédent sous forme de dépôts moins toutes les dettes privées à l’échelle internationales.

Ces données montrent que la classe moyenne grecque et les riches envoyaient de l’argent à l’étranger bien avant la victoire électorale de Syriza, mais ce processus s’est accéléré depuis les négociations sans fin.

S’il y avait eu un départ différent, ainsi que je l’ai souligné, le résultat aurait pu être bien meilleur. Bien sûr, vous ne pouvez être certain d’une chose avant de l’essayer. Mais je suis convaincu qu’il y aurait pu avoir, et qu’il y a, une autre voie.

Que se passe-t-il maintenant que les banques se trouvent dans cet état fragile, que les dépôts ont disparu et qu’un nouveau Mémorandum doit être mis en œuvre? Le Mémorandum peut-il être réalisé par un parti de la gauche, en particulier en l’espace de quelques années? Ce gouvernement obtiendra-t-il le soutien du parti? Y a-t-il des marges de manœuvre?

Le gouvernement m’a placé et nous met chacun dans une situation particulière: en rupture entre nos propres opinions politiques et notre position en tant que partie de la majorité travailleuse, d’un côté, et, de l’autre, comme membres de Syriza. Sur la base de ce que j’ai dit jusqu’ici, la politique de ce gouvernement est désormais une politique en faveur du capital et promotrice de l’agenda néolibéral. Cela va, par définition, à l’encontre des convictions de Syriza et de ce que 61,3% des électeurs exigeaient.

Il ne s’agit pas d’un problème seulement pour Syriza, mais c’est un problème pour toutes les personnes qui se sont mobilisées au cours des derniers mois et, en particulier, au cours des dernières semaines en faveur du Non lors du référendum. La question, face à ce 61,3%, est que devons-nous faire maintenant? En se souvenant, en outre, que sans la fermeture des banques et la campagne de peur ce 61% aurait été même plus important.

J’ai décidé catégoriquement que j’appartiens à cette partie de la société et que je continuerai à me battre contre l’austérité et les mesures du gouvernement qui sont semblables à celles prises par les gouvernements antérieurs. D’un autre côté, je ne veux pas assister à une scission au sein du parti. Je veux être partie prenante des débats qui sont actuellement engagés.

Une majorité du Comité central de Syriza continue de soutenir la position du Non, elle comprend des camarades de presque toutes les fractions ou courants idéologiques. Nous exigeons du gouvernement qu’il trouve une autre issue à cette crise et qu’il ne signe pas le nouveau Mémorandum.

Je suis toutefois convaincu que le gouvernement a pris sa décision et qu’il va signer. Cela rend la situation difficile: je ne veux pas d’austérité supplémentaire de la part d’un gouvernement Syriza mais je ne veux pas non plus d’une scission. C’est une situation très difficile et elle ne peut être résolue par une seule personne. Nous devons discuter entre nous, dans le parti et avec les gens.

Malgré cela, je ne suis pas pessimiste. Cette situation – qui est une énorme déception pour les personnes qui croyaient en Syriza – peut-elle fonctionner comme point de départ d’une autre voie où les gens eux-mêmes, en rapport avec des formes de démocratie directe, commencent à prendre leur présent et leur avenir dans leurs propres mains?

Pouvons-nous commencer à créer de nouvelles structures productives de prise de décision? Pouvons-nous remettre en service les entreprises et les usines qui sont restées fermées en raison de la crise? Allons-nous assister à l’émergence d’un mouvement à partir d’en bas, ce dont nous avons besoin aujourd’hui? Le vieux slogan «le peuple avant les profits» peut-il devenir une réalité concrète en Grèce?

Ce mouvement peut non seulement placer le gouvernement sous pression et exiger qu’il change de voie, mais il peut commencer à changer la société en essayant de mettre en pratique une fin de l’agenda néolibéral et défier le capitalisme lui-même.

Comment cela est-il lié au débat très concret sur la sortie de l’euro? En ne le mentionnant pas, vous semblez suggérer que c’est une question secondaire.

L’austérité et le néolibéralisme ne sont pas une question liée seulement à l’euro. Si un pays change de monnaie, la classe laborieuse de ce pays ne prend pas le pouvoir ou met un terme à l’austérité.

Cependant, j’ai déjà déclaré que l’Eurozone, par le biais des actions particulières et qui ne conviennent pas de la BCE, joue un rôle important dans la promotion et la stabilisation du néolibéralisme. Si une stratégie menée par un mouvement politique de masse qui met un terme à de telles politiques passe par une sortie de l’euro, je ne vois alors pas en quoi cela serait un problème.

Le problème auquel fait face la classe laborieuse grecque n’est, toutefois, pas un problème technique qui peut être résolu par une simple réorganisation de la politique monétaire du pays, telle que le choix de la monnaie. Je peux facilement imaginer une situation où une Grèce qui sort de l’euro ne peut trouver les ressources nécessaires pour soutenir les taux de change de sa nouvelle monnaie et recourt à des prêts de la zone euro ou d’ailleurs. Mais tout prêt, dans la phase présente du capitalisme, signifie des mémorandums d’austérité. Qui va donc financer le pays afin de soutenir les taux de change de la nouvelle monnaie?

Enfin, la dévaluation de la nouvelle monnaie favoriserait probablement les exportateurs. Mais la classe laborieuse ne fait pas partie des exportateurs.

Ils ont besoin de carburant, de nourriture et de médicaments.

Oui, en outre les exportateurs sont les grands capitalistes et ils vont simplement accroître leurs bénéfices. C’est similaire à une dévaluation interne par la diminution des salaires. Vont-ils augmenter nos salaires parce qu’ils font des profits plus importants? La question n’est pas de trouver un truc pour rendre le capitalisme grec plus efficace.

J’ai souligné auparavant la position financière nette largement positive des ménages grecs afin de montrer que les personnes fortunées et les grandes entreprises (qui ne sont pas comprises dans ce chiffre des ménages) ont déjà envoyé leur argent à l’étranger. Cette petite fraction de la société serait favorisée par une nouvelle monnaie dévaluée. La classe laborieuse, de son côté, fera face à une dévaluation de son pouvoir d’achat.

Dans le sillage de changement social qui défie le néolibéralisme et le capitalisme, il n’y aura aucune raison d’arrêter parce que la Grèce a l’euro. Dans ce cas, une nouvelle monnaie pourrait être nécessaire pour soutenir cette nouvelle voie. Mais nous devons partir de ce chemin, non l’inverse. C’est la raison pour laquelle je considère que la question de la sortie de l’euro est secondaire.

En parlant non pas en termes théoriques mais politiques – c’est-à-dire: comment modifier les rapports de forces politiques et sociaux – je considère l’euro comme un faux problème. Je ne participe pas à des débats sur la devise parce qu’ils mettent de côté la question principale qui est comment renverser la stratégie de long terme des capitalistes grecs et européens en faveur de l’austérité.

La question n’est pas tant récession versus croissance en général que celle de la redistribution des richesses, des revenus et des pouvoirs au profit de la classe laborieuse; en d’autres termes, une croissance pour la majorité sociale et non une croissance dans l’intérêt des profits

(Traduction A L’Encontre. Entretien réalisé le 20 juillet 2015, publié le 21 sur le site Jacobin. John Milios est membre du Comité central de Syriza, professeur d’économie politique à l’Université technique d’Athènes. Michal Rozworski est un écrivain et chercheur qui vit à Vancouver, Canada. Cet entretien peut être écouté, en anglais, sur le blog de ce dernier).

http://alencontre.org/europe/grece-ils-pensaient-pouvoir-gouverner-de-la-meme-facon-quavant-la-crise.html?fb_action_ids=10200699689532016&fb_action_types=og.likes

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8 juillet 2015 3 08 /07 /juillet /2015 17:00

Devant le Parlement Européen le 8 juillet 2015

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4 juillet 2015 6 04 /07 /juillet /2015 16:49

// discours prononcé par le Premier ministre grec, à Athènes, sur la place de la Constitution, lors du rassemblement en faveur du « non » au référendum du 5 juillet 2015 //

 

Citoyens d’Athènes, peuple grec,

Aujourd’hui nous ne protestons pas, nous ne manifestons pas ; aujourd’hui est un jour de fête. Ce jour est une fête de la démocratie.

La démocratie est une fête et une joie, la démocratie est une libération, la démocratie est une issue.

Et nous célébrons aujourd’hui la victoire de la démocratie. Nous sommes déjà victorieux, quelle que soit l’issue du scrutin de dimanche, car la Grèce a envoyé un message de dignité, un message de fierté.

Personne ne peut ignorer cette passion, cet anxieux désir de vie, cet anxieux désir d’espoir, cet anxieux désir d’optimisme.

Nous célébrons aujourd’hui l’audace et la détermination qui nous ont conduits à prendre notre destin en mains, à rendre la parole au peuple grec.

Aujourd’hui, nous faisons la fête et nous chantons. Nous faisons la fête et chantons pour supplanter le chantage et la peur.

L’Europe telle que nous la connaissions, l’Europe telle qu’elle apparaît au miroir de ses principes fondateurs n’a pas le moindre rapport avec les menaces et les ultimatums.

Et aujourd’hui, en ce moment même, l’Europe entière a les yeux tournés vers nous, vers le peuple grec, vers ses 3 millions de pauvres et son million et demi de chômeurs.

Aujourd’hui la planète entière a les yeux rivés sur la Place de la Constitution et sur toutes les places, petites ou grandes, de notre patrie.

Dans ce lieu qui a vu naître la démocratie, nous donnons à la démocratie une chance de revenir.

De revenir en Europe, car nous voulons que l’Europe revienne à ses principes fondateurs.

À ces principes qu’elle a si longtemps balayés pour appliquer des programmes d’austérité sans issue, violant la volonté des peuples.

Citoyens d’Athènes, peuple grec,

Dimanche, nous adresserons tous ensemble un message de démocratie et de dignité à l’Europe et au monde.

Nous enverrons aux peuples un nouveau message d’espoir.

Car nous ne déciderons pas seulement, ce dimanche, de demeurer en Europe.

Nous déciderons de vivre avec dignité en Europe, de travailler et de prospérer en Europe.

D’être égaux en Europe, à égalité avec tous.

Et, croyez-moi, nul n’a le droit de menacer de couper la Grèce de son espace géographique naturel.

Nul n’a le droit de menacer de diviser l’Europe.

La Grèce, notre patrie, était, est et demeurera le berceau de la civilisation européenne.

C’est en ce lieu, dit la mythologie, que Zeus, en l’enlevant, a conduit la princesse Europe.

Et c’est de ce lieu que les technocrates de l’austérité souhaitent à présent l’enlever.

Mais cela ne sera pas. Car, dimanche, nous leur dirons « non ».

Nous ne laisserons pas l’Europe entre les mains de ceux qui souhaitent soustraire l’Europe à sa tradition démocratique, à ses conquêtes démocratiques, à ses principes fondateurs, aux principes de démocratie, de solidarité et de respect mutuel.

Citoyens d’Athènes, hommes et femmes de tous âges qui vous trouvez ici, aujourd’hui, qui submergez la Place de la Constitution, les rues d’Athènes et des autres grandes villes en bravant la montée de la peur orchestrée, la rhétorique de la terreur propagée tous ces derniers jours,

Citoyens d’Athènes,

Le peuple grec a maintes fois démontré au cours de son histoire qu’il savait retourner un ultimatum à son expéditeur. Car les ultimatums, parfois, reviennent à l’envoyeur.

Les pages les plus éclatantes de l’histoire de ce pays et de ce peuple ont été des pages d’audace et de vertu.

Je vous appelle à ce que nous écrivions ensemble, de nouveau, des pages historiques, celles de notre rétablissement et de notre liberté.

Je vous appelle, ce dimanche, à opposer un « non » haut et clair aux ultimatums. À tourner le dos à ceux qui sèment chaque jour la peur et l’intimidation.

Et, lundi, quel que soit le résultat du processus démocratique, de ce verdict populaire que certains redoutaient et voulaient entraver, nous opposerons également un « non » sans appel à la division.

Lundi, quelle que soit l’issue du scrutin, les Grecques et les Grecs n’auront rien qui les sépare. Ensemble, nous nous battrons pour reconstruire une Grèce meilleure que celle que nous ont laissée cinq années de désastre.

Je vous appelle enfin à ne pas prêter l’oreille à ces sirènes dont l’écho ne cesse de s’amplifier, ces sirènes qui hurlent à la peur.

À décider avec votre esprit et votre cœur.

À vous déterminer avec calme et résolution.

À vous prononcer en faveur d’une Grèce fière dans une Europe démocratique.

En faveur d’un peuple, d’un petit peuple qui se bat, comme le dit le poème, sans épées et sans balles.

Qui se bat cependant en ayant dans les mains la plus puissante des armes : la justice.

Parce que la justice est avec nous, parce que nous sommes dans notre droit, nous vaincrons.

Et nul ne peut effacer cela. Nul ne peut occulter ce fait : nous sommes dans notre droit.

Citoyens d’Athènes, peuple grec,

La liberté demande de la vertu et de l’audace. Nous, vous, nous tous, disposons d’audace comme de vertu. Et nous sommes libres. Nous respirons un vent de liberté. Quoi qu’il arrive, nous sommes victorieux. Nous serons victorieux. La Grèce a vaincu. La démocratie a vaincu. Le chantage et les menaces ont été défaits.

Salut à tous! Soyez forts, soyez fiers et dignes. Notre « non » s’inscrira dans l’Histoire. Notre peuple ira de l’avant ― la Grèce, dans une Europe démocratique et solidaire.

Source : http://left.gr/news/al-tsipras-sto-syntagma-thelei-areti-kai-tolmi-i-eleytheria

Traduit du grec par Dimitris Alexakis

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4 juillet 2015 6 04 /07 /juillet /2015 16:00
Vote sur le TAFTA au Parlement européen : interpellez vos euro-députés !

Le Parlement européen réuni en plénière pourrait voter dès mardi 7 juillet le texte de la résolution Lange, portant sur le traité transatlantique TAFTA. La conclusion d’un traité fondée sur le texte proposé au vote, même amendé, serait désastreuse pour les peuples et l’environnement.

Pour la démocratie, le climat, l’emploi, la santé et l’agriculture paysanne, interpellons les euro-députés et mettons le traité transatlantique en échec !

Amplifions aussi le succès de l’ICE !   Vous pouvez cliquez là ou à la fin de l'article ...
Contexte

Le Parlement européen réuni en plénière votera très prochainement une proposition de résolution portant sur le traité transatlantique TAFTA.

Une résolution du Parlement européen est un texte non contraignant qui énonce la position du Parlement. La Commission européenne - institution non-élue qui négocie le Traité transatlantique - n’a pas obligation de suivre les recommandations qui y sont énoncées. La résolution Lange représente néanmoins la position de la seule instance élue au plan européen, et, dans cette mesure est une référence politique sur laquelle nous pouvons nous appuyer.

Le 28 mai dernier, la commission responsable de la rédaction du texte (INTA) en a voté une version désastreuse pour les peuples et l’environnement. Elle s’est prononcée en faveur d’une version amendée du projet de résolution de Bernd Lange, en y intégrant les pires amendements. Une majorité des élus sociaux-démocrates se sont alliés à la droite pour obtenir ce résultat.

Sans certitude de voir sa résolution acceptée par la plénière du Parlement européen, Bernd Lange a négocié avec M. Schulz (Président du Parlement) le report du vote qui devait théoriquement avoir lieu le 10 juin. C’est le résultat des pressions exercées à la fois par les eurodéputés opposés au texte et par les centaines de milliers de citoyens européens qui les ont alertés.

Le nouveau vote pourrait intervenir dès le 7 juillet, c’est pourquoi nous vous appelons à interpeller vos élus sur les risques que comporte le projet de résolution.
En effet, le texte actuel :

Abandonne toute opposition au mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États (ISDS)

Renonce à s’opposer à la création d’un conseil de coopération réglementaire transatlantique et accepte donc la dérégulation à venir

Pousse à la libéralisation du marché de l’énergie américain, une mesure climaticide, et ne considère les mesures pour répondre à l’urgence climatique que comme des freins à la compétitivité européenne

De nombreux autres points extrêmement problématiques peuvent être relevés : le texte vante toujours les miracles économiques supposés du traité transatlantique, il choisit le mode de négociation le plus risqué sur les services (1.b.v), promeut l’agro-industrie, ne remet pas en cause l’opacité des négociations (M), il demande l’inclusion des services financiers (1.b.x) dans l’accord.

Lors du vote en plénière, ce texte doit être modifié en profondeur, ou totalement rejeté par les euro-députés.

Pour la démocratie, le climat, l’emploi, la santé et l’agriculture paysanne, interpellons les euro-députés !

Pourquoi se mobiliser pour un texte non contraignant ?

Même si elle ne peut pas forcer les négociateurs à changer de cap, la résolution Lange est un test important, particulièrement en perspective de la ratification de l’accord EU-Canada (CETA) qui pourrait commencer dès l’automne 2015.

Les positions des partis, des groupes politiques et les positions individuelles des eurodéputés sur des sujets clés tels que l’arbitrage d’investissement, la coopération réglementaire, l’énergie ou les droits de douane agricoles se sont formées et continuent de se former à l’occasion des débats de cette résolution.

Les lobbies d’affaire pro-TAFTA ainsi que la Commission européenne et les États membres font pression sur les eurodéputés afin qu’ils votent un texte soutenant le TAFTA. La voix des citoyens doit également résonner avec un message clair : TAFTA et CETA sont de mauvais accords pour les peuples et la planète. Les électeurs demanderont des comptes si leurs représentants soutiennent ces traités.

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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 22:30
Imaginons cela ici, à l'Assemblée Nationale et au Gouvernement ......
Imaginons cela ici, à l'Assemblée Nationale et au Gouvernement ......

Déclarations de la Présidente du Parlement Grec, Zoé Konstantopoulos, au sujet des ingérences grossières dans le processus du référendum et la tentative d’en changer la question.

« Ces derniers jours et ces dernières heures on a enregistré un déluge d’ingérences grossières dans le processus démocratique du référendum, proclamé pour la première fois en 41 ans depuis la fin de la dictature des colonels, à l’instigation du Premier ministre, puis sur proposition du gouvernement et décision du Parlement.

Les représentants d’hier, les co-responsables de la destruction du pays et du peuple, et leurs partenaires nationaux et étrangers, ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour empêcher l’expression de la volonté populaire.

Pour empêcher ou annuler le référendum.

Et maintenant, puisqu’ils ont échoué dans cette tentative, ils font tout ce qu’ils peuvent pour en modifier le résultat, rendre floue et dénaturer la question très claire, en adressant au peuple un nouveau chantage:

Que soi-disant, si les citoyens disent « non », nous devrons quitter l’Union Européenne ou la zone euro

Que s’ils disent « non », il n’y aura aucune nouvelle négociation

Que si ils disent « non », cela signifiera qu’ils « ne veulent pas d’aide ».

Certains, chefs d’État mais aussi représentants de la Commission et d’autres institutions et organismes, n’hésitent pas à interférer grossièrement dans les affaires internes du pays et à suggérer au peuple ce qu’il doit voter au référendum, en modifiant la vraie question.

Ce qui est important c’est non seulement ce qu’ils disent, mais qui le dit.

Le disent les représentants des gouvernements qui se sont alliés aux gouvernements qui ont détruit le pays et ont fait des échanges avec eux.

Le disent les représentants d’organisations internationales qui ont participé à des programmes catastrophiques qui ont décomposé la société et causé d’indicibles malheurs.

Le disent des dignitaires, qui ont admis s’être trompés dans le cas de la Grèce, encore et encore.

Mais le disent aussi les représentants du système politique corrompu des anciens partis, de la corruption et des combines, ceux qui ont créé une dette illégale, honteuse et insoutenable et qui veulent la mettre sur le dos du peuple, de la jeunesse et des générations futures, sans rendre de comptes.

Le oui ne signifie pas oui à l’Europe.

Il signifie oui à l’ultimatum adressé par la Troïka au gouvernement grec.

Le oui signifie oui aux mémorandums, à la soumission et à la servitude.

Oui à des diminutions supplémentaires des salaires et des retraites,

Oui au chômage et à la précarité de l’emploi,

Il signifie oui à l’abandon de la souveraineté et de la démocratie, au bradage des biens publics, à de lourds impôts sans fin.

Il signifie aussi oui à la dégradation de la Grèce de pays membre à part égale de l’UE en pays paria et en colonie de la dette.

Le non signifie non aux tactiques et pratiques antidémocratiques

Non aux chantages anti-européens et aux ultimatums

Non aux blocages artificiels

Non à l’asphyxie du peuple, avec les banques fermées

Non à l’asservissement d’États-membres par d’autres États-membres

Non à la soumission économique et politique.

Le Gouvernement s’est redressé.

Il n’a pas cédé, il n’a pas capitulé en trahissant la confiance des citoyens.

Le Parlement en 2015 a été à sa hauteur.

Il n’a pas fait loi d’État les mesures qui ont condamné de nombreuses générations à un esclavage mémorandaire.

Pour la première fois le peuple peut réellement décider de son avenir.

Pour la première fois il peut repousser lui-même, par son vote, le dernier chantage.

Pour la première fois, le peuple peut lever la tête et avec son vote, avec le non, secouer le joug des mémorandums.

Qu’il vote et se batte pour sa dignité et son avenir.

Et qu’il défende le seul gouvernement qui lui a fait confiance et lui a rendu le pouvoir qui lui appartient et qu’il défende le Parlement qu’il a lui-même élu et qui lui a rendu le pouvoir qu’il en tire et exerce en sa faveur.

Qu’il ne permette pas le renversement du gouvernement par ceux qui, depuis des mois élaborent des scénarios de déstabilisation et de détournement, pour remettre le pays et le peuple aux forces de la corruption, des combines et de la tromperie, qui ont tirer profit des mémorandums sur le dos de la société.

Et qu’il envoie le message retentissant et optimiste aussi aux autres peuples d’Europe, que la démocratie est l’affaire des hommes et des peuples, non des banques, des banquiers et des marchés.

Les « non » du peuple grec ont, dans l’Histoire, rendus fiers non seulement les Grecs, mais l’humanité toute entière.

Un tel « non » rendra fières les générations futures et défendra la véritable âme de l’Europe, qui ne se base pas sur des ultimatums et des chantages, mais sur une coexistence égalitaire, la démocratie et la solidarité. «

Traduction Frédérique Bouvier

Allocution télévisée prononcée à Athènes le 1er juillet 2015 par le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, en prévision du référendum du dimanche 5 juillet.

Grecques, grecs,

Nous nous trouvons aujourd’hui à un tournant de notre histoire, à un moment crucial pour l’avenir de notre pays.

Dimanche, ce n’est pas entre le maintien de notre pays dans l’euro et la sortie de la monnaie unique que nous serons appelés à choisir ― l’appartenance de la Grèce à la zone euro ne peut être contestée par personne ―, mais entre l’acceptation de l’accord proposé par les Institutions et la revendication d’une solution viable ― une revendication renforcée par le verdict des urnes.

Le peuple grec doit savoir que le gouvernement a la ferme intention de parvenir à un accord durable, ouvrant sur l’avenir.

Dès l’annonce de la tenue du référendum, nous avons de fait reçu de meilleures propositions sur la dette et sa nécessaire restructuration que celles que nous avions en mains jusqu’à vendredi. Ces propositions ne sont pas restées lettre morte ; nous avons sans délai adressé aux Institutions nos contre-propositions pour une solution pérenne ; c’est dans ce but que s’est tenue hier une réunion extraordinaire de l’Eurogroupe qui reprendra cet après-midi. Si cette réunion aboutit à un résultat positif, nous ne nous défausserons pas, nous y répondrons sans attendre. Le gouvernement grec demeure en tout état de cause à la table des négociations et y restera jusqu’au bout. Ce gouvernement sera là, lundi, et sortira renforcé de la consultation populaire. Car le verdict du peuple a toujours plus de force que la volonté d’un gouvernement.

Je veux redire que le choix démocratique est au cœur des traditions européennes.

Les peuples européens ont eu recours au référendum à plusieurs moments-clé de leur histoire. Cela a été le cas de la France, notamment, lors du référendum sur la Constitution européenne. Cela a eu lieu en Irlande : le référendum a permis de suspendre l’application du Traité de Lisbonne et a conduit à une renégociation à la faveur de laquelle des termes plus favorables ont été obtenus.

Malheureusement, dans le cas de la Grèce, d’autres poids et d’autres mesures ont été appliqués.

Je n’aurais pour ma part jamais imaginé que l’Europe démocratique refuserait à un peuple le temps et l’espace nécessaires de se prononcer souverainement sur son avenir.

Le leadership exercé par des cercles conservateurs extrêmes a conduit à la décision d’asphyxier les banques grecques, dans un but évident : intimider non seulement le gouvernement mais aussi, désormais, chacun des citoyens de ce pays.

Dans une Europe de la solidarité et du respect mutuel, il est inacceptable que les banques soient fermées pour la seule et unique raison que le gouvernement a décidé de donner la parole au peuple.

Il est inacceptable que des milliers de personnes âgées ― dont les pensions, malgré l’asphyxie financière, ont cependant pu être versées ― se retrouvent ainsi dans la tourmente.

À ces milliers de citoyens, nous devons une explication.

C’est pour protéger vos retraites que nous nous battons depuis des mois, pour défendre votre droit à une retraite digne de ce nom et non à un vulgaire pourboire.

Les propositions que nous avons été sommés de signer auraient entraîné une réduction drastique des pensions de retraite. C’est la raison pour laquelle nous les avons rejetées et c’est pour cela que nous nous trouvons aujourd’hui en butte à des mesures de rétorsion.

Le gouvernement grec a été confronté à un ultimatum, sommé de mettre en œuvre les mêmes politiques et de faire passer l’ensemble des dispositions du mémorandum en attente d’application, sans le moindre volet concernant la dette et le financement.

Cet ultimatum a été rejeté.

Le moyen le plus évident de sortir de cette voie sans issue était d’en appeler au peuple, car la démocratie ne connaît pas d’impasses.

Et c’est ce que nous faisons aujourd’hui.

Je sais parfaitement qu’en ce moment même les sirènes hurlent à la catastrophe.

Elles vous soumettent au chantage et vous appellent à voter «oui» à toutes les mesures demandées par les créanciers ― des mesures qui ne sont accompagnées d’aucune perspective de sortie de la crise.

Elles vous appellent à dire à votre tour, à l’instar des députés de ces journées parlementaires de sinistre mémoire, «oui» à tout.

Elles vous appellent à vous rallier à eux et à vous faire les complices de la perpétuation des mémorandums.

Le «non», de son côté, n’est pas un simple slogan.

Le «non» est un pas décisif vers un meilleur accord, un accord que nous pourrons signer aussitôt après la consultation de dimanche.

Le «non» reflètera le choix très clair du peuple sur la façon dont il entend vivre dès le jour suivant.

Le «non» ne signifie pas rupture avec l’Europe mais retour à l’Europe des principes.

Voter «non», c’est faire pression en faveur d’un accord économiquement viable qui apportera une solution à la dette au lieu de la faire exploser ; faire pression en faveur d’un accord qui ne sapera pas indéfiniment nos efforts pour redresser la société et l’économie grecques ; faire pression en faveur d’un accord socialement juste transférant sur les possédants les charges qui pesaient jusqu’alors sur les salariés et les retraités.

Un accord qui ramènera à brève échéance le pays sur les marchés internationaux et permettra à la Grèce de s’affranchir du contrôle et de la mise sous tutelle.

Un accord sur des réformes portant un coup définitif à l’enchevêtrement d’intérêts et à la corruption qui alimentent le système politique grec depuis des décennies.

Un accord permettant enfin de répondre à la crise humanitaire, de créer un vaste filet de sûreté pour tous ceux qui se trouvent aujourd’hui en marge, précisément à cause des politiques appliquées dans notre pays au cours de ces longues années de crise.

Grecques, Grecs,

J’ai pleinement conscience des difficultés présentes et je m’engage auprès de vous à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’elles ne durent pas.

Certains s’évertuent à lier le résultat de la consultation de dimanche au maintien de la Grèce dans la zone euro ; ils prétendent même que j’ai le projet secret, si le «non» l’emporte, de sortir le pays de l’Union Européenne. Mais ils mentent de façon délibérée.

Ces mensonges nous ont déjà été servis, par les mêmes, au cours de la période précédente, et ceux qui les propagent rendent aujourd’hui un bien mauvais service au peuple et à l’Europe.

Vous n’ignorez pas que je m’étais porté candidat il y a un an, lors des élections européennes, à la présidence de la Commission. J’avais alors eu l’occasion de dire aux Européens qu’un terme devait être mis aux politiques d’austérité, que les mémorandums ne nous permettraient pas de sortir de la crise, que le programme mis en œuvre en Grèce avait échoué, que l’Europe devait cesser de se comporter de manière antidémocratique.

Quelques mois plus tard, en janvier 2015, cette analyse a été validée par le peuple.

Malheureusement, certains s’obstinent en Europe à refuser de le comprendre, de l’admettre.

Ceux qui veulent une Europe cramponnée à des logiques autoritaires, à des logiques de non-respect de la démocratie, ceux qui veulent que l’Europe ne soit qu’une union superficielle au sein de laquelle le FMI ferait office de liant ne proposent aucune véritable vision pour l’Europe. Ce sont des hommes politiques sans audace, incapables de penser en Européens.

À leurs côtés, l’establishment politique grec, après avoir mis le pays en faillite, projette aujourd’hui d’en rejeter la responsabilité sur nous alors que nous nous efforçons d’arrêter cette marche vers la catastrophe.

Ils rêvent de revenir aux affaires comme s’il ne s’était rien passé. Ils s’y préparaient il y a quelques jours encore, croyant que nous accepterions l’ultimatum, et demandaient publiquement la nomination d’un Premier ministre de paille pour l’appliquer ; ils s’y préparent aujourd’hui alors que nous donnons la parole au peuple.

Ils parlent de coup d’État. Mais une consultation démocratique n’est pas un coup d’État ; le coup d’État serait la mise en place d’un gouvernement imposé.

Grecques, Grecs,

Je veux de tout cœur vous remercier de la lucidité et du sang-froid dont vous faites preuve à chaque heure de cette difficile semaine et vous assurer que cette situation ne durera pas longtemps. Elle sera de courte durée. Les salaires et les retraites ne s’évanouiront pas. Les dépôts des citoyens qui ont choisi de ne pas transférer leur argent à l’étranger ne seront pas sacrifiés aux calculs des uns et des autres, ni au chantage.

Je m’engage personnellement à trouver une solution immédiate dès la fin du référendum.

Dans le même temps, je vous appelle à soutenir cet effort de négociation ; je vous appelle à dire «non» à la poursuite de ces mémorandums qui sont en train de détruire l’Europe.

Je vous appelle à répondre par l’affirmative à la perspective d’une solution viable.

À ouvrir une page nouvelle, une page démocratique, pour un meilleur accord.

C’est la responsabilité que nous avons envers nos parents, nos enfants et nous-mêmes, et c’est notre devoir à l’égard de l’Histoire.

Je vous remercie.

http://blogs.mediapart.fr/blog/dimitris-alexakis/020715/un-referendum-pour-l-europe-contre-l-austerite-alexis-tsipras-01072015

source: https://www.youtube.com/watch?v=wlrkjqCiIe0

traduit du grec par Dimitris Alexakis

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