Tout aurait pu commencer comme la chanson « Samedi matin, le roi, la reine et le petit prince », mais voilà, samedi matin, de bien mauvais costumes ont été endossés par le député maire, l'adjointe d'astreinte et le 1er adjoint pour jouer une partition peu harmonieuse.
Pensez donc, le vilain collectif parisien des sans papiers s'était invité à la fête noiséenne dit "de l'effet Springbok" en occupant pacifiquement le gymnase Louison Bobet dans le quartier du Mont d'Est. Et alors là, " touche pas à ma ville " est devenu soudainement le seul refrain du moment, jusqu'à en perdre le bon sens le plus évident.
Que voulait le collectif des sans papiers de Paris ? Mais simplement profiter de la pub du mondial de rugby et de ses acteurs pour mettre un peu sous les feux de la rampe son combat pour la régularisation. Comment ? Mais en venant dans la ville hôte des Springboks en Seine Saint Denis, au moins pour leurs entraînements, avec vraisemblablement l'idée bien compréhensible d'obtenir un soutien de Sud Africains qui avaient connu l'Apartheid et qui pouvaient comprendre le sentiment légitime des sans papiers d'être ignorés, abandonnés et sans avenir à la mesure de la politique d'exclusion française en vigueur.
Selon eux, l'artiste Johnny Clegg pouvait être un de ceux là, comme pouvaient en être sur le plan local, bien logiquement, les élus de Gauche de la ville de Noisy le Grand ! Et ils n'avaient pas tort car, enfin, même si certains à gauche (?) peuvent considérer que « la France n'a pas vocation à accueillir toute la misère du monde » autre chose est de manifester sinon son soutien mais au moins sa compréhension devant la brutalité d'une politique qui oblige à la clandestinité, y compris des hommes, des femmes et des enfants qui, antérieurement, étaient en situation régulière. Etre privé d'autorisation de séjour, c'est la porte ouverte au travail au noir, au système D, aux marchands de sommeil et aux réseaux douteux, chacun le sait mais il faut tenir et vivre.
Face à cela, la constitution des collectifs avec la solidarité de leurs membres entre eux a le grand avantage, avec courage et dignité, de mettre sur la place publique la réalité des effets d'une politique plus que discutable, surtout si l'on en juge par les propos et les positions d'organisations non suspectes d'allégeance partisane comme France Terre d'Asile ou la Cimade, par exemple.
Mais à Noisy le Grand, l'idée même, à défaut de sympathie, d'écouter les sans papiers parisiens et d'accepter de les accompagner, même avec réserve pour ceux qui ne sont pas convaincus, dans leur démarches, c'était visiblement trop ! Crime de lèse majesté, ils s'en prenaient à notre royaume, l'envahissaient sans considération, ni respect de nos préoccupations noiséennes. Pire, un match de handball allait devoir être annulé si l'occupation durait ! Alors, vos histoires de papiers, vous voyez bien qu'on a d'autres problèmes plus sérieux à Noisy !
Chacun comprendra que dans ces conditions, la force publique devait être requise immédiatement et qu'aucune négociation, que disons-nous, de médiation ne serait tentée... Ainsi comme le roi du moment l'avait décidé, « l'arrêté d'expulsion » était signé dare-dare pour donner libre champ à l'action policière bien méritée !
Pensez donc, discuter, entendre, faire un pas, comprendre, même pour ceux qui ne veulent pas partager en totalité le point de vue des protagonistes, c'était trop dur, surtout quand on sait « que si on leur donne la main, tout le bras va y passer »... et plus encore, que cette horde « d'envahisseurs », de 100 à 120 personnes tout de même, femmes et enfants inclus, est en fait « le problème de la France » et qu'elle ferait mieux « d'aller à Neuilly Sur Seine » au lieu de Noisy le Great. C’est du moins des propos entendus ou rapportés.
Allez, pourrait-on dire « virez moi ces malpropres qui salopent mon terrain de jeu et fissa » ! Musique, Maestro, que raisonnent les clairons de la charge ...
Ainsi, la messe était dite. Pas de délégation reçue par le Député Maire socialiste ! Pas d'audience envisageable, sous réserve qu'il soit d'accord bien entendu, à l'issue du spectacle de Johnny Clegg ! Et nos bons élus semblaient bien plus stressés que la police nationale, en nombre, certes, mais débonnaire dans l'ensemble...
Puis, le sous préfet est arrivé, après une tentative infructueuse apparemment du commissaire de police de Noisy le Grand en direction du Maire ou du 1er adjoint, et, là, miracle ou vertu de la négociation, nous ne savons pas, devenaient possible un rendez vous à la préfecture de police de Paris, ce lundi, et une demande de rencontre à confirmer dans l'après midi avec Johnny Clegg, samedi soir ! Comprenne qui pourra, le fonctionnaire d'autorité, le représentant de l'Etat, faisait preuve d'une souplesse de bonne augure ... et bien différente des élus du bon peuple noiséen.
Pour autant, le Préfet n'avait pas promis moult régularisations, loin s'en faut, il s'était contenté de relayer deux demandes du collectif qui lui apparaissaient, semble-t-il, raisonnables et, sans doute, réalisables.
C'est sur ces bases et sur la parole donnée que le collectif parisien des sans papiers a décidé dans la dignité de libérer très tranquillement ce petit bout du territoire de Noisy le Great, fraction de territoire occupée, chacun l'aura compris, d'une façon si intolérable...
Tout cela était donc hors de portée pour le Député Maire de Noisy le Grand ? Sans aucune considération d'appartenance politique, la sienne en l'occurrence, ou d'une quelconque critique du pouvoir politique en place dans ce qui est autour du royaume de Noisy le Grand, la France du Président Sarkozy, croyons nous savoir, c'était tout simplement, répétons le, hors de portée du Député Maire...
Sans doute les limites de son royaume ...
On a le droit de voir rouge
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