Complicité objective ?
Mardi 24 juin 2008, 19 heures, salle Gérard Philippe, plus ou moins 250 personnes, élus majoritaires et sympathisants des mêmes élus très présents comme d’habitude, c’est la seconde réunion publique dite de « concertation » dans le cadre du projet d’aménagement de l’ancienne ZAD de l’Hôpital et future ZAC du Clos d’Ambert … Pour mémoire, la première réunion, 15 jours auparavant environ, devait permettre, s’ajoutant une urne en mairie pour recevoir les doléances, un premier relevé des points de vue noiséens sur le sujet avant, sans doute la DUP (déclaration d’utilité publique), ce qui sera une autre paire de manche…
Présentation technique, diaporama oblige, commentée en direct par les hommes de l’art …
La circulation ? Oui, c’est vrai, il y a des points durs dans notre ville ; oui, il faudra faire attention sur le site, rue Jules Ferry, par exemple… L’architecture ? On s’en occupe et l’on a pris en compte les désidératas … Oui, on recule les immeubles, un peu, pour préserver la lumière du jour sur les pavillons voisins … La hauteur ? le toit est en pente !!! Oui, on a tenu compte des remarques à propos du positionnement de l’espace vert … qui sera central … Oui, oui mais non, non … les questions et les interrogations fusent, les critiques ne manquent pas… sur la densification, bien sur, sur les transports, la circulation, les services publics ou les commerces …
Personne contre le projet d’aménagement de cette friche qui n’a que trop duré … mais nombreux contre l’implantation de 1200 logements dans cette zone, soit de 3500 à 4500 habitants de plus dans un périmètre restreint… Irritation devant la démagogie facile, très facile concernant les « nantis » qui refusent de partager leur « confort » avec les plus démunis.
Mais au nom de quoi, le projet de Michel Pajon répondrait-il au problème du manque de logement social pour les plus démunis ? Comme pour la reconstruction de la cité ATD Quart Monde telle que ce dernier l’envisage ? Au nom de quoi, la densification proposée devrait-elle plus importante que celle préconisée par le SDRIF (schéma directeur de la Région Ile de France) approuvé par la majorité de gauche du Conseil Régional ? Au nom de quoi devrait-on vivre plus mal, anciens et nouveaux habitants, pour satisfaire l’appétit de l’aménageur municipal, l’appétit, sans doute, des promoteurs qui, chacun l’a bien compris, ne sont pas des philanthropes ? Au nom de quoi, encore, le problème des transports ne devrait-il pas être pris en compte dans sa réalité quotidienne d’aujourd’hui et probablement encore longtemps ? Pourtant quelques élus le connaissent le RER A ! Le maire, lui-même, doit connaitre l’état de l’autoroute A4, à moins peut-être d'un problème de décalage horaire ?
Par contre, polémique de bas étage, on en convient, ils habitent où, les élus de la garde rapprochée du maire pour parler et défendre les vertus de l’habitat collectif, que nous ne contestons pas tant nous les connaissons ? Comme le maire ? Qui, la main sur le cœur, dans un élan de bravoure d’estrade, explique, fier de son bilan, qu’il serait prêt à vivre dans un logement social de la ZAC du Clos Saint Vincent plutôt que dans sa maison ! A moins que l’on n’ait mal compris … Nous ferait rire si le sujet n’était pas sérieux et ne donnait pas à craindre pour l’avenir urbain !
Encore heureux qu’ils sont bien conçus, les nouveaux logements sociaux construits dans la ZAC du Clos Saint Vincent ou en centre ville !!! Manquerait plus qu’ils soient loupés !!! Pas de quoi se vanter, en 2008, de pouvoir réaliser du logement de qualité … Encore heureux que la norme HQE (haute qualité environnementale) sera appliquée !!! Encore heureux que l’écologie et le développement durable seront à l’honneur !!!
Mais, trêve de plaisanterie, à moins que la plus grande soit à venir, celle d’un ancien maire, Pontone pour ne pas le citer, qui défend publiquement dans un grand assaut d’amabilité, le projet pajoniste de 1200 logements au nom de la faillite de l’Etat qui n’a jamais rien fait pendant 30 ans et qui bétonnerait outrageusement si on le laissait faire … Etonnant,… puisqu’il n’a rien fait pendant 30 ans !!! On a cru rêver devant l’argument, surtout de la part de quelqu’un qui connait bien Epamarne, et pour cause, et qui sait qu’un projet de 600 logements est aussi dans les cartons depuis longtemps. Ah, nostalgie, quand tu nous tiens…
Mais, nous dit-on doctement à nous, pauvres ignorants que nous sommes, il faut équilibrer le projet, pas seulement sur le plan de la mixité sociale, non, non … mais surtout sur le plan financier ! Eh oui, les promoteurs ne vivent pas de l’air du temps, ils ont besoin de « grain à moudre » ! Même si, au passage, on oublie pudiquement d’évoquer que le protocole de cession entre l’Etat, Epamarne et la ville est particulièrement avantageux pour cette dernière pour le prix du foncier… Eh oui, on parle pognon, gros pognon, celui avec lequel on ne rigole pas, quitte à produire de la « mal vie » pour les générations futures, quitte à oublier que ce n’est pas nécessairement l’économique qui dicte les choix politiques …
Car enfin, c’est quoi la ZAC du Clos Saint Vincent, celle du Clos aux Biches et, maintenant, celle du Clos d’Ambert – sans compter les autres à venir tant les périmètre d’études fleurissent en ce début d’été – , c’est tout simplement Michel Pajon qui continue la ville nouvelle de Marne la Vallée, tout seul comme un grand ! Tout cela parce qu’il s’est découvert dès 1995 des talents d’aménageur et d’urbaniste ? Foutaises ! Il n’y a aucune originalité dans le processus, mise à part une architecture contemporaine qui a changé, certes, mais qui se ressemble de ville en ville de banlieue… Il se murmure même que le pourcentage de logements sociaux a reculé dans notre ville, ces dernières années …
En quoi le concept serait-il différend de celui de la ville nouvelle, de 30 ans d’âge maintenant ? C’était déjà la mixité sociale organisée entre locataire et propriétaire, du Pavé Neuf au Champy en passant par la Butte Verte ! Pourtant, la crise aidant, on a vu vieillir, et mal, cette densification urbaine « villenouvellesque » et il serait trop facile, vraiment trop facile de faire reposer, comme M. Pajon le fait aujourd’hui publiquement, la faute sur les épaules des maires précédents, exception faite sans doute de Mme Richard. Trop facile, en effet, quand les communes n’agissaient qu’à la marge des décisions de l’aménageur Epamarne à l’époque ! La preuve par l’absurde ? Michel Pajon demande lui-même que Noisy le Grand sorte du giron de la ville nouvelle ! Mais c’est un autre sujet de préoccupation à venir … pour les Noiséens…
Plus fort encore, nous prétendons, nous, que notre édile, fort de ses 22,98% des électeurs inscrits, ne fait que continuer la même logique. Ne l’a-t-on pas entendu maintes fois réclamer le million de m² de bureaux " promis" par l’Etat lors du démarrage de la ville nouvelle ?
Enfin, nous ne résistons pas à revenir sur l’outrance du moment, celle de notre conseiller général préféré, Emmanuel Constant, fustigeant ces mauvais Noiséens qui résistent à l’urbanisation en oubliant la solidarité élémentaire dont lui et les siens, en politique, sont inévitablement les meilleurs défenseurs. Qu’a-t-il dit encore de remarquable ? Ah oui… dans un grand moment de lucidité, il lui a fallu tancer sévèrement un jeune noiséen, de droite sans doute, mais ayant le tort de citer le Figaro à propos de chiffres sur la délinquance urbaine. C’était certes de mauvais goût mais cela méritait-il cette grande envolée stigmatisant le caractère odieux d’un amalgame sousjacent entre logement social et délinquance ? Faut-être prudent en résumant le projet du Clos Saint Vincent de cette façon ! Dame, 65 % d’accession à la propriété (NDLR comme on dit dans Noisy Pravda), cela fait la différence par rapport au logement social !
Elémentaire ce tour de passe passe, mon cher Watson, et vous avez raison d’être courroucé, vous qui avez voté des deux mains pour la police municipale et la vidéosurveillance, celle-ci devant être fortement implanté dans les quartiers populaires, ceux du logement social notamment... CQFD !
Comme si les concentrations urbaines, les souffrances sociales liées au libéralisme économique effréné du capital ne favorisaient pas implicitement les tensions et les phénomènes de désespérance ! Comme si l’ancien gamin des Cormiers, cité de 480 logements de mémoire, ne savait pas qu’il ne fait pas bon vivre quand les conditions … de vie sont dégradées par un ensemble de problèmes dont l’emploi, les transports, le cadre de vie ne sont pas les moindres !
Que dire du coup de sang du maire, ce soir là encore sans doute son côté taquin, pour couper la parole rageusement du même noiséen qui avait l’aplomb de le contredire en direct ! Tout à l’avenant à défaut d’être avenant, le bougre… nous manquerait presque s’il changeait de méthode de débat « contradictoire » par ces temps de démocratie participative noiséenne !!!
Car enfin, le bilan de la soirée fût simple, très simple, si simple d’ailleurs que nous aurions du y penser plus tôt… En substance, c’est « il faut consulter alors on consulte mais c’est formel car on a raison, forcément » ; « vous avez le droit de critiquer mais on s’en fout car on ne démordra pas de notre projet de 1200 logements ».
Nous ne serions pas complets en oubliant la séquence « émotion » sur ces salauds de marchands de sommeil, de vrais salauds pour autant ! Ah, démagogie quand tu nous tiens !
Donc, bilan des courses : l’échec de la ZAC des Bas Heurts n’a pas été compris par le maire. L’a toujours pas appris le début de la démocratie participative … Ce ne serait donc qu’un slogan de campagne électorale et de la figuration pour les autres ? Dommage, on avait envie d’y croire mais c’est bien connu, « on » est un c… !
Etienne Doussain, grand reporter d’un soir, partial et sans remords
Questions annexes :
Au fait, Monsieur le maire, le logement social, c’est combien de financements PLS, PLUS et surtout PLAI, ceux du vrai logement social ?
Et les recours contre le PLU (plan local d’urbanisme) ? Vous savez, ces recours susceptibles de faire tomber le protocole Etat-ville pour la ZAC du Clos d’Ambert. Où en est-on ?
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