Le temps qui passe ne se rattrape jamais alors le temps de donner son avis est venu. Le mien tout au moins…, restons modeste !
Alors, voilà, je ne pourrai pas voter, ni pour Michel Pajon, ni pour son suppléant Emmanuel Constant, au second tour de l’élection législative. On me dira, Etienne, ce n’est pas sérieux, faut battre la droite ; l’important, c’est le rapport de force à l’assemblée nationale ; de ne pas faire entrer par la fenêtre de la cohabitation, ce que l’on a viré par la porte de l’élection présidentielle. Ce n’est pas la querelle de personne qui doit l’emporter, c’est la politique qui sera menée dans l’intérêt de la population…
Ne pas en faire une affaire personnelle ? Que diable ! Mais il s’agit du fondement même de l’acte citoyen, celui du choix individuel, celui de l’engagement propre d’un homme ou d’une femme parmi les autres…
Mieux encore, on me permettra de croire en la circonstance au libre arbitre et à la liberté de conscience… Or j’ai décidé de ne manquer, ni de l’un, ni de l’autre, et l’on m’accordera que cela fait déjà un moment déjà que j’y prétends dans le débat public.
Un peu mégalo, l’Etienne, en ce moment, v’là qui se met à penser que sa voix en vaut bien celle d’un autre ! Eh bien, oui, ma voix vaut bien celle du député sortant et, pour le coup, match nul !
Un peu de sérieux, sacrebleu, le droit de vote ne doit pas être galvaudé. Trop de souffrance pour l’obtenir et le défendre, à gauche en particulier… Nos aînés s’en offusqueraient à juste cause de droits acquis de haute lutte et ils auraient raison. Mais est-ce à dire que l’on aurait plus le droit de croire que sous un paravent de gauche ne peuvent pas se cacher des pratiques ou des attitudes plus que contestables ? Voire que la rancune ou le doute n’ont pas de place au cœur de l’agora des citoyens ? Rancune, vous avez rancune ? Doute, vous avez dit doute ?
C’est donc bien de cela qu’il s’agit ? Alors là, cela devient petit … Un peu de hauteur de vue vous ferait du bien, Sieur Doussain… Sans doute, mais je ne peux pas, M’sieur, même si cela m’est expliqué avec beaucoup de pédagogie, la trop célèbre pédagogie municipale noiséenne !
Que voulez-vous, se prendre un procès pour injures à propos de Noisy Résidence, cela laisse des traces …, de septembre 2008 à janvier 2012 pour être précis.
Le fait que le député-maire a été débouté dès le premier jugement, puis en appel en janvier 2012 – car il a fait appel, le tout aux frais du contribuable comme à chaque fois – , le fait qu’il n’ait pas choisi de se pourvoir en cassation confirment que le fond de l’écrit incriminé par blog interposé n’était pas injurieux et que cette succession de faits ne peut pas lever dorénavant la rancune et le doute politiques.
Et pourquoi en serait-il autrement, je vous le demande, quand en lieu et place du débat public, un député-maire décide de faire parler la justice contre un opposant politique de gauche, élu lui aussi, qui conteste son point de vue, d’abord sur l’interprétation d’un triste fait de société et, dans la foulée, sur les conclusions qu’il en tire aux noms de tous les habitants qu’il est censé représenter ? Avouons que par ces temps d’alternance politique désirée, on peut en rester pantois…
C’est ainsi que me débattant dans mes propres turpitudes, je m’interroge, encore et encore. Si mes propos n’ont pas été condamnés par la Justice de mon pays, c’est que j’avais le droit de penser ce que je pensais. Que j’avais le droit de dire ce que je pensais devoir dire à la lecture de la lettre que le député-maire avait largement rendu public, y compris en la distribuant, d’abord à la presse, puis à l’attention des habitants des immeubles qui jouxtent Noisy-Résidence.
Si c’est ainsi, j’ai donc le droit de penser que le procès fait à mon encontre n’était qu’un rideau de fumée destiné à m’occuper quelques journées – j’en témoigne –, à coûter quelques milliers d’euros et que le fond de l’affaire finalement garde sa pertinence encore aujourd’hui.
Si c’est ainsi, j’ai donc le droit de considérer – et le droit l’a dit – que les propos par lesquels je contestais l’attitude politique d’un élu qui revendique son appartenance à gauche n’étaient pas insultants et qu’il y a toujours lieu de s’interroger sur l’attitude qu’aurait pu avoir un élu de droite dans une situation identique, ce qui, à l’occasion de la séquence électorale que nous venons de vivre et de ses outrances xénophobes, la Présidentielle, me laisse toujours dans un état de torpeur politique…sans nom, sinon celui de la sidération que peut imposer parfois la honte.
Mais chacun en jugera puisque l’article poursuivi de « On a le droit de voir rouge » est de nouveau en ligne, accompagné des courriers de Monsieur le Député-maire, la Justice n’ayant pas interdit de le faire.
Voyage en Pajonie ordinaire (aout 2008) ... Nombreux d’entre nous s’étaient émus fin mai du drame qui s’était produit au Mont d’Est, drame au cours duquel une maman dépressive, hébergée par la résidence de tourisme Noisy Résidence, avait mortellement défenestré son bébé. L’horreur d’un tel geste suffisait sans que des commentaires ou des affirmations nauséabondes viennent en rajouter. C’est pourtant ce que le maire de Noisy le Grand avait choisi de faire, le Parisien ayant sommairement relayé la prose de ce dernier adressée au préfet de Seine Saint Denis. Par lettre du 25 juin, soit un mois après ce triste évènement, les habitants de la Closerie du Mont d’Est et du Clos des Cascades ont reçus une lettre de l’édile accompagnée d’une copie de celle communiquée au préfet au bon soin de la ville. Nous avons donc pris connaissance de l’intégralité du courrier évoqué par le Parisien le 29 mai et, le moins que l’on puisse dire, c’est « quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage ». Affligeant et, pour plusieurs parmi nous, répugnant … à un point où l’on se demande ce qu’aurait pu écrire, par exemple, Monsieur Bompart, maire d’Orange, ex Front National, dans de telles circonstances. Peut-être n’aurait-il pas pu faire mieux ? Comment un élu qui prétend représenter une formation de gauche, formation qui prétend aux plus grandes responsabilités, a pu se laisser aller d’une façon aussi lamentable ? Se poser la question, c’est peut-être trouver une réponse inattendue : être membre du Parti Socialiste, être député de surcroit, ne garantit pas de ne pas être d’accord avec la politique de Brice Hortefeux et de Nicolas Sarkozy en matière d’immigration… Fameuse « misère du monde » chère à Michel Rocard… mais faut-il ne pas franchir le pas dans la délation pure et simple sous couvert de responsabilité, surtout à partir d’un triste fait divers par lequel l’équation « immigration – pauvreté – délinquance – prostitution » devient le motif d’une chasse aux sorcières. C’est pourtant chose faite à Noisy le Grand en Pajonie ordinaire ! Sauf que la Pajonie, ce n’est pas tous les Noiséens et toutes les Noiséennes… Rappelons que moins d’un électeur sur quatre a désigné Michel Pajon pour la fonction de maire qu’il occupe pour la troisième fois. A ce titre, nous qui faisons partie du groupe des trois autres Noiséens sur quatre, nous lui dénions le droit d’écrire en notre nom de pareilles infamies ! Qu’on en juge par les extraits, eux même en gras dans le corps de la lettre, de cette douteuse prose municipale, alors qu’il s’agit de 30 familles hébergées sur les 160 logements que compte la résidence ! « …j’ai dénoncé avec la plus extrême vigueur la concentration de personnes sans ressources au sein de cette résidence de tourisme qui héberge essentiellement des personnes envoyés par les services sociaux, et notamment des familles demandeuses d’asile en attente du statut de réfugiés . » Plus loin, on apprend que le maire a « adressé un nouveau courrier au Préfet afin de lui demander de prendre des sanctions à l’encontre du gestionnaire de cet établissement et de procéder à la radiation de l’établissement Noisy Résidence en tant que résidence de tourisme… » Mais le pire est à venir au cœur du dit nouveau courrier puisque l’on apprend que les 30 familles sont orientées par des organismes officiels, la Coordination d’Accueil des Familles Demandeuses d’Asile … et du SAMU Social de Paris, organismes dont on aurait pu croire que Michel Pajon connaissait parfaitement la mission, celles d’aider notamment des familles en difficulté ! Mais malheur aux pauvres quand on est député « socialiste » de la 13ème circonscription de Seine Saint Denis … Qu’on en juge, encore et encore, par les termes employés, en gras ou non, au fil des paragraphes de la lettre au Préfet ! Ainsi, Monsieur le maire s’est « rendu compte du nombre important et inhabituel de familles demandeuses d’asile en attente du statut de réfugiés… ». Qu’après « plusieurs visites sur le site, il s’avère que cette résidence est devenue un véritable foyer d’hébergement des familles en attente du statut de réfugiés ou en situation irrégulière au regard du droit des étrangers en France (sic)… ». Vous avez bien lu et le plus infamant suit ! Ainsi « la concentration, dans un même lieu, de ces familles (selon la lettre du maire, 30 familles !) issues essentiellement de l’immigration, sans emploi et sans ressources, conduit inéluctablement à la création de communautés exclues du territoire sur lequel elles vivent et sur lequel elles pratiquent des actes plus ou moins délictueux pour pouvoir survivre »… D’autres propos étant de la même teneur, nous contenterons, tellement la nausée nous serre la gorge, de vous renvoyer à la lecture de dite lettre au moyen des liens ci-dessous.
Tout y passe, « de la constitution rampante de ghetto au foyer Aftam ou de l’équilibre économique et social d’un site vital pour Noisy le Grand et l’Est parisien à [ce] que ne soit jamais constitué ni un foyer accueillant des populations migrantes ni une zone d’attente pour demandeurs d’asile sur le territoire de Noisy le Grand…». Pensez donc, 30 familles pour plus de 60 000 habitants, il faut sonner le tocsin et bouter l’étranger, faiseur de désordres, hors de notre bonne ville à nous, à lui ! Pauvre gosse innocent, pauvre maman malade, pauvre papa impuissant devant l’horreur, votre terrible drame familial, non seulement, a endeuillé votre vie définitivement mais en plus, il aura déclenché un appel à une opération de basse police aux relents … pétainistes … Insupportable et écœurant !!! Mais que font les militant(e)s socialistes dans cette ville ? Ils se taisent ? Doit-on crier "Jaures, réveilles toi, ils sont devenus fous" ?
Etienne DOUSSAIN Conseiller municipal « Noisy Solidaire – à gauche, vraiment ! »
Vous me direz, d’accord, pour le député sortant, on a compris, mais pour son futur suppléant, qu’a-t-il à voir avec cette rancune et ce doute politiques qui te taraudent ?
Je vous dirai, rien dans l’absolu, sauf le silence. Et il est des silences qui pèsent autant qu’une lettre rendue publique aux noms des noiséens - ce qui fut le cas puisque rédigée sur papier officiel de la commune. Pas de réaction du colistier, lui comme d’autres, d’ailleurs, nada…
Est-ce à dire que c’est la même chose ? Je ne peux répondre à cette question, cela appartient à ce futur suppléant, et aux autres, d’ailleurs, des Verts au MRC. Moi, je ne peux que constater le silence, or je considère que ce dernier a du sens. L’adage ne dit-il pas, « qui ne dit mot, consent » ?
Et puis, je ne vous le cacherai pas, il y a un autre motif de doute politique. Autant en parler franchement. Z’ont pas de chance tous les deux, ils cumulent et n’ont jamais envisagé, pas une seconde visiblement, la rotation des mandats. En tout cas, rien dans la profession de foi qui indiquerait le contraire. L’un est maire depuis 1995, député depuis 1996, l’autre adjoint-au-maire depuis la même date et conseiller général depuis 1998. De vrais professionnels, en somme !
Pourtant, il se murmure que pour cette élection – position nationale du parti Socialiste oblige – le député-maire serait obligé de choisir et qu’une future loi l’y contraindrait au profit, peut-on penser, de son suppléant mais, avouons, là encore, que ce possible, mais non avéré, mouvement de chaise musicale ne changera pas la réalité passée – de 1995 à 2012, cela fait un bail – et, qu’enfin, nous ignorons complètement ce que seront les choix du dit suppléant qui, en matière de cumul, a appris aussi à s’y connaître depuis 1998. Faut-il d’ailleurs qu’il soit appelé réellement à suppléer car là, la messe n’est pas encore dite !
Or, moi, je suis résolument partisan, un, de l’interdiction totale du cumul de mandat, deux, de la rotation obligatoire des mandats après deux élections successives. Place aux citoyens, stop à la professionnalisation sans limite de la vie politique, c’est mon crédo du moment, j’y tiens et je ne suis pas seul à le penser.
Vous comprendrez d’autant plus que dans le doute, sans parler de cette mesquine rancune politique, j’en conviens (mais il n’y a pas de mal à se faire plaisir…), je ne puisse que m’abstenir ou voter blanc bonnet et bonnet blanc…Je note d'ailleurs que plus 48% des noiséens en ont fait de même pour le 1er tour de scrutin, le 10 juin 2012, ce qui n'est joyeux pour aucun des candidats !
Pour autant, des ennuis peuvent parfois découler un moment heureux. Dans cette affaire de procès pour injures, la solidarité n’a pas faibli. Pas celle des élus de la majorité municipale qui n’ont pas pipés mot, qu’ils soient Vert, PS ou MRC, faut-il le répéter…
Non, celle de nombreux noiséens, et au-delà, qui m’ont soutenu sans hésiter dans ce moment politique désagréable, notamment en apportant leur contribution financière aux frais d’avocat qui m’ont été imposés.
Que dire, sinon merci, et encore merci à eux et à l’avocate qui a défendu ma cause ! Il est certain que ma position de modeste conseiller municipal, persifleur sans doute, était moins confortable que celle d’un maire qui, procès après procès, souvent perdus (car, il y en a eu plusieurs contre des noiséens), fait prendre en charge l’addition par la collectivité. Sans état d’âme, ainsi qu’il me l’a confirmé après une question diverse à ce sujet lors d’un conseil municipal récent !
Belle conclusion, en somme … Ne serait-ce que pour une telle réponse, pourquoi voudriez-vous que, moi aussi, j’ai des états d’âme à ne pas voter Michel Pajon, le 17 juin prochain ?
Mais que personne n’en doute, je ne voterai pas UMP, non plus…et tout ceci n’est qu’une position personnelle qui n’engage, bien évidemment, que moi et personne d'autre !
Etienne Doussain
Conseiller municipal d’opposition